Quillerier T. et Boutueil V., 2022 (in press), « Essor et stratégies des plateformes numériques de mobilité partagée dans les métropoles africaines », Case Studies on Transport Policy.
Boutueil Virginie, Lesteven Gaele, Nemett Luc, 2020, Toward the Integration of Paratransit in Transportation Planning in African Cities , Transportation Research Record.
Le projet
L’OPPA a été porté au sein de l’Institut de la Mobilité Durable (IMD) (lien) pour le projet de recherche NexMob (Next Mobility) entre 2018 et 2022. En outre, l’Observatoire des plateformes numériques de paratransit en Afrique (OPPA) s’inscrivait dans le prolongement de l’Observatoire mondial des plateformes numériques de mobilité partagée (OMPMP) (lien vers le projet).
Dans les villes africaines le paratransit constitue souvent une part majoritaire de la mobilité quotidienne. Aussi désignées par le terme de mobilité partagée, le paratransit renvoie à un large éventail de modes intermédiaires de transport allant des deux-roues aux minibus, et incluant les taxis, les VTC, l’autopartage et le covoiturage. Leur succès peut s’expliquer par plusieurs facteurs politico-économiques, socio-économiques, urbains et démographiques : les conséquences des politiques d’ajustements structurels ayant conduit à un désengagement des autorités publiques des infrastructures et opérations de transport ; le déclin des entreprises publiques de transport par bus ; la dégradation du réseau routier ; une faible accession à la voiture individuelle ; la croissance démographique et urbaine amenant à un étalement urbain.
Depuis les années 2010, les grandes métropoles africaines ont connu un développement sans précédent des technologies de l’information et de la communication (TIC). Les plateformes numériques de paratransit en sont une illustration frappante dans le secteur de la mobilité. Dans nombre de ces métropoles, plateformes locales et globales (c’est-à-dire natives ou non du continent africain) se livrent une concurrence intense, notamment en termes d’empreinte géographique, d’offre de service et d’offre tarifaire. Les plateformes mettent en œuvre des stratégies innovantes pour s’adapter à des contextes métropolitains et africains spécifiques. Dans les faits, les plateformes numériques internationales sont les premières à avoir développé des services dans les villes africaines (à commencer par Uber en 2014 à Johannesburg). Les acteurs locaux, offrant déjà dans certains cas des services de paratransit, ont entrepris de concurrencer les plateformes internationales par la création de plateformes numériques (par ex., SafeBoda en 2015 à Kampala). Plus récemment, les plateformes numériques de paratransit ont connu un essor exponentiel se traduisant, d’une part, par une extension de leur couverture géographique allant aujourd’hui jusqu’à certaines zones rurales reculées et, d’autre part, par une diversification du portfolio de service allant au-delà des services de mobilité (par ex. : services de banque, locations de véhicules utilitaires et d’outils agricoles).
Depuis 2018, l’observatoire a été mis en place pour comprendre finement les processus de déploiement de plateformes numériques de paratransit dans les contextes africains. Entre 2018 et 2021, le nombre de plateforme dépassant les 10 000 téléchargements sur Google Play Store est passé de 69 à 114. La couverture géographique de ces dernières a connu une extension sans précédent, passant de 81 à 1101 lieux africains couverts entre 2019 et 2021.